Du 16 au 20 novembre, COTA a tenu son sommet annuel sur l’agriculture biologique! Cette année, en raison de la pandémie, le sommet était virtuel pour la première fois. Nous avons été très heureux d’avoir autant de commanditaires, de présentateurs et de participants engagés sur le thème de cette année – le changement climatique et les solutions biologiques. Ce sujet est important pour COTA (et pour nos partenaires) et nous sommes heureux de voir que tout le monde participe avec autant de passion. Il s’agit d’un sujet important à aborder, mais le fait de discuter de la façon dont le secteur biologique peut contribuer à atténuer les effets du changement climatique et à fournir des solutions à cet égard, grâce au contenu de nos conférenciers et à nos recherches approfondies, nous donne un peu plus d’espoir et nous incite à croire que le secteur biologique est la voie à suivre.
Au cours de ces cinq jours, nous avons proposé trois sessions quotidiennes ainsi qu’une projection gratuite du film « The Needto Grow ». Cette année, nous avons eu une liste incroyable de conférenciers venant de tout le Canada et du monde entier!
Jour 1:
Pour commencer, André Leu de Regeneration International et ancien président d’IFOAM International, nous a parlé de son nouveau livre « Poisoning our Children ». Dans sa présentation, André a abordé certains mythes populaires sur l’alimentation et l’agriculture, les a démolis et nous a présenté la vérité. Un exemple est l’affirmation selon laquelle tous les poisons agricoles sont testés scientifiquement pour garantir une utilisation sûre. Cependant, en réalité, les pesticides peuvent causer des problèmes tels que des dommages au foie et aux reins (Roundup Ready en particulier) car ils sont testés individuellement, et non en combinaison avec d’autres produits chimiques, ce qui est plus réaliste dans la nature. En plus des mythes qu’André a éclaircis, il a également partagé des recherches tirées de son livre, expliquant qu’un nouveau-né ne peut pas décomposer les pesticides toxiques car il ne possède pas les enzymes hépatiques protectrices des adultes, ce qui rend les pesticides absolument nuisibles à la santé des enfants.
L’atelier de Debra Hauer, du Conseil canadien des ressources humaines en agriculture, et de notre propre directrice exécutive, Tia Loftsgard, avait pour thème « Qui va cultiver nos aliments? Au fur et à mesure que le changement climatique progresse et que les conditions météorologiques deviennent plus imprévisibles, les agriculteurs prennent de plus en plus de risques et sont dissuadés de poursuivre leurs activités. Il y a actuellement une pénurie de main-d’œuvre de 60 000 personnes et, selon les prévisions, cette pénurie doublera en 2029. De nouvelles pratiques agricoles doivent atténuer le changement climatique ou s’y adapter, ce qui pourrait nécessiter de nouvelles compétences axées sur des pratiques novatrices qui réduisent la sécheresse et mettent l’accent sur la santé des sols. Les agriculteurs vieillissent et il est nécessaire d’inciter les jeunes agriculteurs à se lancer dans l’agriculture. La grande question de cet atelier était « que pouvons-nous faire pour attirer les jeunes agriculteurs ? » et comment les agriculteurs peuvent-ils s’adapter et contribuer à atténuer le changement climatique.
Navin Ramankutty, de l’Université de la Colombie-Britannique, a terminé la première journée par une présentation sur la comparaison de la performance des systèmes biologiques et conventionnels, dans de nombreux domaines où l’agriculture biologique surpasse l’agriculture conventionnelle :
1. Le rendement biologique est inférieur au rendement conventionnel
2. L’intercomparaison est injuste pour les systèmes biologiques (il n’y a pas suffisamment d’investissements ou de données sur les systèmes biologiques par rapport aux systèmes conventionnels au cours des 50 dernières années).
3. L’agriculture biologique doit améliorer sa productivité et son accessibilité financière
4. L’agriculture biologique doit mieux identifier les contextes dans lesquels elle est performante.
5. Les normes biologiques devraient renforcer les meilleures pratiques environnementales
6. Les consommateurs doivent penser au-delà de l’approvisionnement alimentaire et se concentrer sur la réduction du gaspillage alimentaire et le passage à une alimentation plus végétale.
Jour 2:
La deuxième journée a commencé avec Paivi Abernethy, professeur adjoint, Université de Victoria et Université de Waterloo, sur le changement climatique et la santé. Paivi a souligné que « le changement climatique n’est pas quelque chose qui va se produire, c’est quelque chose qui se produit ». Plongeant dans les influences à long terme du changement climatique sur la santé, concernant la terre, le cycle de l’eau, l’air et notre cycle alimentaire, Paivi a suggéré que la diminution de l’eau douce, le réchauffement des eaux, les efflorescences toxiques et bien d’autres dangers sont à venir si aucun changement significatif n’est pris. Elle a proposé de changer le discours et la façon dont nous parlons du changement climatique (c’est-à-dire raconter l’histoire autrement, en s’inspirant de la pensée indigène des déterminants de la santé, autour de la santé physique, spirituelle, mentale et émotionnelle. Et pas seulement physique, comme le représente souvent le monde occidental ! Les valeurs et l’éthique de l’agriculture biologique doivent être reprises. Certaines suggestions pour atténuer le changement climatique consistent à renforcer la biodiversité, la santé individuelle des animaux et des plantes, la résilience des écosystèmes, la communauté et la souveraineté alimentaire.
L’atelier de Valeriya Staykova, de l’ACIA, sur les mises à jour de l’ACIA sur l’agriculture biologique, a permis de faire le point sur les principales réalisations et priorités du Bureau canadien de l’agriculture biologique pour l’année à venir, ce qui impliquera la négociation avec le Royaume-Uni sur l’équivalence en raison du Brexit, la poursuite des discussions avec la Corée du Sud et le Mexique et les mesures que l’ACIA met en place pour renforcer l’intégrité de l’agriculture biologique et réduire la fraude.
Catherine Abreu, du Réseau Action Climat, a clôturé la deuxième journée sur l’action climatique et l’agriculture. Voici quelques points à retenir de sa présentation:
-Le secteur agricole canadien contribue à 10% des émissions de gaz à effet de serre au Canada.
-Le niveau des mers augmente à un rythme alarmant.
-Nous contribuons à l’augmentation de la température mondiale.
-Nous devons réduire de moitié les émissions mondiales
-25 GT à l’échelle mondiale, alors que le Canada est sur la bonne voie pour atteindre 56 GT en 2030.
-Nous devons réduire nos émissions de 7,6 % chaque année jusqu’en 2030.
-Les émissions ont diminué de 17 % pendant le COVID, ce qui démontre les mesures extrêmes que nous devrons mettre en place pour atteindre nos objectifs.
-Au niveau mondial, l’agriculture, la sylviculture et l’utilisation des terres contribuent à près de 20 % des émissions de gaz à effet de serre.
-Nous devons changer notre façon de penser en matière de sylviculture, d’agriculture et d’utilisation des terres en accordant la priorité à l’agroforesterie, à une meilleure gestion des terres cultivées, à une meilleure gestion du bétail et à une gestion intégrée de l’eau.
-Le Climate Action Network a créé 6 points clés:
1. Donner la priorité à la santé et au bien-être des personnes, sans exception
2. Renforcer le filet de sécurité sociale et fournir une aide directement aux personnes.
3. Donner la priorité aux besoins des travailleurs et des communautés
4. Renforcer la résilience pour prévenir les crises futures
5. Développer la solidarité
6. Défendre les droits des autochtones
Jour 3:
Jessica Shade, directrice de l’Organic Center, a fait une présentation sur la recherche biologique et le changement climatique. Dans sa présentation, le Dr. Shade a fourni la science derrière les avantages de l’agriculture et de l’élevage biologiques. Voici quelques points saillants :
-Les émissions directes sont dues à la combustion de carburant sur la ferme.
-Les émissions indirectes sont hors de la ferme (combustibles fossiles pour le transport).
-Utilisation de l’énergie : En moyenne, la production agricole biologique consomme 60 % moins d’énergie que la production conventionnelle.
-L’agriculture biologique et l’agriculture conventionnelle ont un impact sur le réchauffement climatique : En moyenne, la production végétale biologique générerait 25 % d’émissions de gaz à effet de serre en moins et 80 % d’émissions appauvrissant la couche d’ozone en moins.
-Comparaison du stockage de carbone à long terme dans les sols conventionnels et biologiques : même avec n’importe quelle pratique, les exploitations biologiques ont des niveaux nettement plus élevés de carbone séquestré dans le sol.
-Les sols biologiques à travail intégral du sol séquestrent plus de carbone que les sols conventionnels sans travail du sol. Les systèmes de travail du sol biologiques ont des quantités plus importantes de SOC que les systèmes conventionnels sans travail du sol.
-Il existe de nombreuses preuves que l’agriculture biologique réduit les émissions et atténue le changement climatique.
-L’agriculture biologique va continuer à offrir des voies vers une agriculture durable!
L’atelier du troisième jour a été animé par Nicole Boudreau, de la Fédération biologique du Canada, sur les mises à jour des normes biologiques de 2020. Voici quelques points saillants de sa présentation:
Dans la dernière présentation de la journée, Kris Nichols, microbiologiste des sols, KRIS Systems Education & Consultation, a fait une présentation sur l’optimisation de la biologie des sols dans les systèmes biologiques pour augmenter le carbone du sol. Kriss a présenté un point de vue scientifique sur le sol et les systèmes biologiques, soulignant que nous sommes à un point où nous avons perdu et perdons de plus en plus de sol viable, faisant la distinction entre la terre et le sol. Nous devons maintenant nous concentrer sur la recréation des sols en mettant l’accent sur le travail avec la photosynthèse et en utilisant des options d’engrais verts. En outre, nous avons besoin d’une révolution brune axée sur le sol: optimisation de l’utilisation du paysage, maximisation des rendements, entreprises multiples.
Jour 4:
Carolyn Callaghan de la Fédération canadienne de la faune (FCF) et Martin Settle de Seed Change ont entamé notre quatrième journée sur la biodiversité, la conservation et l’agriculture durable. Il faut mettre l’accent sur l’agriculture écologiquement durable : soutenir les stratégies d’utilisation des terres et de biodiversité écologiquement durables, rétablir un système public de sélection végétale, etc. Voici quelques recommandations concernant les biens et services écologiques :
Voici quelques recommandations en matière d’agriculture :
Les insectes sont un aspect important pris en compte dans la construction d’installations appropriées pour la collection nationale canadienne d’insectes, d’arachnides et de nématodes. Plus tard, ils ont suggéré le besoin de politiques plus fortes et d’une plus grande collaboration entre les gouvernements fédéral et provinciaux.
Les clés de l’impact futur sont les suivantes:
L’atelier suivant, organisé par Tia Loftsgard, directrice exécutive de l’ACTA, et Carolyn Callaghan, de la FCF, portait sur la stratégie » de la ferme à la fourchette » du Canada. On y a essentiellement discuté de la stratégie » de la ferme à la fourchette » de l’Union européenne à la lumière du désir d’une stratégie pancanadienne pour l’agriculture et l’aquaculture durables et des considérations importantes à prendre en compte si nous devions faire pression en faveur d’une stratégie fédérale-provinciale comme celle de l’UE.
Aabir Dey, de Seed Change, et Lisa Mumm, de Mumm’s Sprouting Seeds, ont partagé la scène le quatrième jour pour présenter la souveraineté des semences. Voici les points à retenir de leur présentation:
Les objectifs de l’initiative Bauta Seed sur la sécurité des semences au Canada sont les suivants:
Obstacles:
Le programme de modernisation doit davantage tenir compte des besoins réglementaires propres à l’agriculture biologique et il est impératif que le Canada dispose d’un système de semences biologiques plus développé.
Jour 5:
Goretty Dias (professeur) et Shenali Madhanaroopan (étudiante en maîtrise), de l’Université de Waterloop, ont fait une présentation sur l’analyse du cycle de vie (ACV) des systèmes biologiques : défis et possibilités pour le Canada. Il est important de savoir que les études d’ACV et de bilan carbone ne sont pas toutes égales. Il est nécessaire de considérer l’agriculture de manière plus globale et pas seulement à travers le prisme du carbone. Il y a des compromis à faire et nous devons voir comment nous pouvons améliorer l’agriculture biologique dans les domaines qui concernent principalement le rendement des fleurs et le travail du sol.
Certains défis propres aux systèmes biologiques:
1. Le biologique n’est pas hétérogène et est difficile à mesurer.
2. Disponibilité des services écosystémiques pour les systèmes biologiques
3. Influences agroclimatiques et qualité des terres (température, précipitations, type de sol, etc.).
Quelques opportunités pour l’étude ACV biologique à venir grâce au financement de l’Organic Science Cluster:
Maria Forero, spécialiste des produits biologiques d’Agriculture et Agroalimentaire Canada, a présenté le plan d’engagement d’AAC en matière de produits biologiques. De façon détaillée, Maria a décrit le processus du plan d’engagement de l’industrie biologique d’AAC qui, espère-t-elle, comblera l’absence d’une table ronde sur la chaîne de valeur des produits biologiques (TRCVPB). Elle indique qu’il existe un besoin pour les éléments suivants:
La dernière présentation du Sommet biologique a été faite par Michael Ableman, auteur et cofondateur de SoleFood Street Farms, sur le thème « Local et biologique – mieux ensemble ». Par le biais d’une narration intrigante, Michael Ableman nous a fait partager son expérience de vie, de la vie en communauté dans une ferme biologique à l’exploration de différentes formes d’agriculture à travers le monde, à l’aide de magnifiques images. Michael a démontré qu’en se concentrant sur les solutions locales, on peut obtenir de grands résultats biologiques, que ce soit dans les zones rurales ou les paysages urbains. Michael a lancé l’initiative Inner City Innovation aux États-Unis, qui a transformé les rues et les habitants des centres-villes en ruines en modèles d’agriculture urbaine prospère et en emplois pour les sans-abri. Il a ensuite cofondé Sole Food Street Farms à Vanvouver. En 8 ans, 75 personnes ont pu transformer un pâté de maisons vacant en plus de 4 acres de paysage urbain biologique, produire plus de 25 tonnes de nourriture par an et employer les personnes en manque de travail. Lui et son partenaire ont été en mesure d’approvisionner la ville de Vancouver en excellente nourriture et de former les gens dans des domaines tels que l’agriculture, l’alphabétisation, la cuisine, la conduite et la finance. Une histoire d’humanité, de communauté et du pouvoir de l’agriculture et de la nourriture qui rapproche les gens.
Comme promis, toutes les personnes inscrites auront accès aux enregistrements et aux diapositives de chaque présentation. Nous mettrons bientôt en ligne les meilleurs moments sur notre chaîne YouTube, alors n’hésitez pas à regarder ce que vous avez manqué au Sommet annuel de l’agriculture biologique de cette année!
Nouveaux produits biologiques, informations et plaidoyer sur le bio et inscription anticipée aux événements !