Le terme « résilience » désigne la capacité d’une personne ou d’un écosystème à maintenir un certain niveau de rendement après avoir subi un stress. Un exemple de résilience pourrait être la capacité d’une plante à se rétablir après une période de sécheresse. L’aptitude qu’a un écosystème à se rétablir après un stress ou une perturbation est essentielle au maintien de la stabilité ou de la continuité des services fournis par l’écosystème, y compris l’approvisionnement de nourriture, d’eau propre, la rétention des nutriments et la protection des sols.
Les agriculteurs biologiques sont depuis longtemps à l’avant-garde de l’adoption de pratiques qui fonctionnent dans les limites naturelles de l’écosystème et qui sont régénératrices. Ils adoptent des séquences de cultures, que l’on appelle aussi la rotation des cultures, qui sont cultivées stratégiquement selon une séquence qui maintient une bonne productivité et un bon résultat tout en maintenant la fertilité du sol et en protégeant sa santé. Le fait d’avoir une diversité de cultures en rotation aide à empêcher les populations de ravageurs de s’établir, tout en favorisant une communauté plus diversifiée d’organismes du sol qui recyclent les nutriments et réduisent la pression exercée par les ravageurs. Les agriculteurs biologiques évitent d’utiliser des engrais azotés fabriqués à l’aide de combustibles fossiles; ils recyclent plutôt les nutriments en utilisant du fumier et du compost, ou ils utilisent des légumineuses pour capturer l’azote de l’air à l’aide de la bactérie du rhizobium. La culture des végétaux pour capturer et recycler les nutriments aide non seulement les cultures, mais permettent aussi d’assurer une saine biologie du sol. Ces pratiques d’enrichissement du sol compensent les effets de labourage pour maintenir la santé et la productivité des sols. Les agriculteurs biologiques évitent la pression exercée par les ravageurs par la diversité des cultures, résistent à la pression exercée par les ravageurs en sélectionnant des cultivars de cultures résistants, et font concurrence aux ravageurs en ayant une saine biologie du sol et des populations de végétaux concurrentielles en surface. En adoptant ces pratiques régénératrices, les fermes biologiques sont reconnues à l’échelle internationale pour soutenir une plus grande biodiversité que les fermes non biologiques.
Malgré l’utilisation de ces pratiques régénératrices, les agriculteurs biologiques continuent de chercher des outils et des pratiques améliorés qui permettent de faire face aux défis de production tout en améliorant la productivité et la durabilité. La boîte à outils des agriculteurs biologiques est limitée puisqu’ils doivent respecter les normes de production et une liste d’intrants approuvés qui sont réglementés par le gouvernement fédéral; ils ne peuvent pas régler les problèmes avec des engrais synthétiques, des pesticides ou la modification génétique. Cela signifie que les chercheurs doivent trouver des solutions à la fois novatrices et écologiques afin de soutenir les agriculteurs biologiques. L’innovation écologique consiste à comprendre comment différentes parties de l’écosystème travaillent ensemble pour être résilientes et efficaces dans l’utilisation de l’eau, de la lumière et des nutriments, puis à élaborer des outils et des pratiques qui optimisent l’écosystème pour produire des cultures et du bétail. L’essentiel, c’est que les solutions se situent à l’intérieur des limites écologiques tout en réduisant le besoin d’intrants.
L’étudiante à la maîtrise Jade Muileboom (supervisée par le docteur Manish Raizada de l’Université de Guelph) étudie la façon de lutter contre la brûlure de l’épi causée par le fusarium, une maladie importante du blé, en identifiant les microorganismes présents dans la tête de blé qui peuvent supprimer ou même déplacer la maladie. Mme Juli Carrillo de l’Université de la Colombie-Britannique, dirige une équipe de chercheurs afin d’élaborer une série de pratiques écologiques pour lutter contre la drosophile à ailes tachetées, un important ravageur des petites cultures fruitières. Son équipe étudie un ensemble de stratégies pour le maintien d’ennemis naturels, le développement de contrôles biologiques et l’utilisation de bioproduits pour promouvoir la résistance des végétaux et dissuader le ravageur.
M. Martin Entz de l’Université du Manitoba et M. Derek Lynch de l’Université Dalhousie (ainsi que plusieurs autres chercheurs) ont étudié de nouvelles approches de la gestion des légumineuses, comme le trèfle ou le vétuste, comme engrais vert pour capturer l’azote de l’atmosphère au lieu d’utiliser des engrais azotés. La fabrication d’engrais azotés constitue la principale source d’énergie fossile utilisée dans l’agriculture non biologique. Messieurs Entz et Lynch ont étudié de nouvelles techniques pour gérer ces fumiers verts sans labour tout en régénérant la santé du sol, en capturant le carbone dans le sol et en favorisant une diversité d’organismes au-dessus et en dessous du sol.
En résumé, l’agriculture biologique existe depuis longtemps. Les producteurs biologiques et les chercheurs qui étudient l’agriculture biologique empruntent une autre voie vers la durabilité. Ils mettent au point des pratiques et des outils novateurs qui permettent de régénérer la santé des sols, la biodiversité et la qualité de l’eau grâce à une meilleure compréhension des limites et des possibilités de l’écosystème naturel.
À propos de l’auteur:
Andrew Hammermeister est le directeur du Centre d’agriculture biologique du Canada (CABC) et professeur agrégé à la Faculté d’agriculture de l’Université Dalhousie, en Nouvelle-Écosse, au Canada. Andrew travaille avec le CABC depuis 2002, où il collabore à la recherche sur les systèmes de culture de céréales, de légumes et de fruits, en explorant la fertilité du sol et la gestion des mauvaises herbes. Il est le directeur scientifique de la Grappe scientifique biologique, l’initiative nationale coordonnée pour la recherche en agriculture biologique au Canada, où il dirige l’établissement des priorités, la coordination et l’évaluation des incidences de la recherche biologique à l’échelle nationale. Il siège au comité national d’examen des normes biologiques et à plusieurs autres comités du secteur biologique.
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