L’unité mondiale dans l’agriculture biologique : les enseignements de l’assemblée générale de Taïwan  

Par Tia Loftsgard, directrice générale de l’Association pour le commerce biologique du Canada

Lorsque j’ai pris l’avion pour Taïwan afin d’assister au 16e Congrès mondial de l’agriculture biologique (OWC), au cours duquel j’allais également présider l’Assemblée générale de 2024 de la Fédération internationale des mouvements d’agriculture biologique (IFOAM), un mélange d’anticipation et de gratitude m’a envahie. Il ne s’agissait pas seulement d’une étape professionnelle, mais aussi d’une étape profondément personnelle – une chance de me trouver au carrefour du changement pour le mouvement biologique mondial. 

L’Assemblée générale des membres d’IFOAM International

L’assemblée générale, qui s’est tenue les 6 et 7 décembre, avait pour toile de fond la ville de Chiayi, à Taïwan, une région connue pour ses paysages agricoles luxuriants et son engagement en faveur des pratiques durables. En entrant sur le site le premier jour, j’ai été frappée par l’énergie des participant.es et par l’accueil chaleureux des hôtes taïwanais. Des délégué.es de tous les coins du monde s’étaient rassemblés – agriculteur.trices, décideur.euses politiques, chercheur.euses et défenseur.euses – tous.tes animé.es par une vision commune d’une planète plus saine. 

Le Canada est profondément ancré dans le mouvement biologique mondial et a accueilli la Conférence mondiale sur l’agriculture à deux reprises – en 1980 à Montréal et à Victoria en 2012. COTA est un membre de longue date d’IFOAM International, et IFOAM International m’a décerné le titre d’ambassadrice de l’agriculture biologique pour l’Amérique du Nord en 2018. C’est avec fierté que nous nous connectons au réseau international du mouvement biologique, que nous le soutenons et que nous en bénéficions. Sans IFOAM International, nous ne serions pas là où nous sommes aujourd’hui. 

Présider cette assemblée était à la fois un privilège et une responsabilité. J’étais consciente du poids des décisions que nous allions prendre, des décisions qui allaient façonner l’avenir de l’agriculture biologique à l’échelle mondiale. L’ordre du jour des deux jours était chargé, mais l’excitation était palpable. Nous n’étions pas seulement là pour discuter, nous étions là pour agir. 

Tia Loftsgard, directrice exécutive de l’Association pour le commerce biologique du Canada, copréside l’assemblée générale de 2024 de la Fédération internationale des mouvements d’agriculture biologique (IFOAM) avec Chris Atkinson de la Soil Association.

L’un des résultats les plus importants de l’assemblée a été l’élection d’un nouveau conseil d’administration pour IFOAM. Les candidat.es ont apporté des perspectives diverses, chacun.e d’entre eux.elles étant passionné.e par l’avancement de l’agriculture biologique. Le fait d’assister au déroulement du processus démocratique a été une source d’inspiration. Les délibérations et les votes réfléchis des membres ont abouti à l’élection d’un conseil qui reflète la diversité et le dynamisme de notre mouvement. Cette nouvelle équipe dirigeante a la tâche cruciale de conduire IFOAM dans la prochaine phase de son parcours, et j’ai toute confiance en sa capacité à se montrer à la hauteur de la situation.

Le résultat le plus important de l’assemblée a sans doute été le mandat donné au nouveau conseil d’administration d’élaborer un modèle de gouvernance révisé pour IFOAM International. Au cours des 18 prochains mois, ce modèle sera conçu pour garantir qu’IFOAM reste adaptable, inclusif et efficace pour relever les défis de notre temps. Cette décision reflète l’engagement de l’organisation en faveur d’une amélioration continue et sa reconnaissance de la nécessité d’évoluer dans un monde en mutation rapide. En tant que présidente, j’ai trouvé très gratifiant de faciliter les discussions qui ont abouti à cette étape importante. La salle bourdonnait d’idées et l’esprit de collaboration témoignait de la force de notre réseau mondial.

Les candidats élus sont : Karen Mapusua, Marco Schlüter, Sarah Compson, Shamika Mone, Edgardo Boy Uychiat, Huei-Wen (Mag) Chin, Paul Holmbeck, Amber Sciligo, Julia Lernoud, Choitresh Ganguly

Un autre point fort de l’assemblée a été la décision concernant le lieu du Congrès mondial de l’agriculture biologique (OWC) de 2027. Après un examen approfondi et des discussions animées, Negros occidental, aux Philippines, a été choisi pour accueillir cet événement phare. Connue comme la « capitale biologique des Philippines », Negros occidental est un brillant exemple de ce qu’une communauté engagée peut réaliser dans le domaine de l’agriculture biologique. Ce sera la première fois qu’un pays asiatique du Sud accueillera une conférence sur l’agriculture biologique. Sa sélection témoigne du leadership et de l’innovation de la région dans ce domaine, et je suis impatiente de voir comment le comité d’organisation local donnera vie à sa vision unique. L’annonce a été accueillie par des acclamations et j’ai pu lire la fierté et l’excitation sur les visages de la délégation philippine. Cela nous a rappelé à quel point l’agriculture biologique nous relie à nos communautés et les un.es aux autres. 

Les deux jours de l’assemblée ont été un véritable tourbillon d’activités. Outre l’ordre du jour formel, les moments informels ont eu une incidence tout aussi importante. Au cours des repas partagés, des conversations de couloir et des spectacles culturels associés au Congrès mondial de l’agriculture biologique, j’ai noué des liens avec des collègues et des ami.es, ancien.nes et nouveaux.elles. Ces interactions m’ont rappelé l’élément humain qui est au cœur de notre mouvement. Il ne s’agit pas seulement de politiques ou de marchés ; il s’agit de personnes – des agriculteur.trices qui cultivent le sol, des militant.es qui font campagne pour le changement, des scientifiques qui innovent et des consommateur.trices qui font des choix conscients.

En réfléchissant à l’assemblée sur le chemin du retour, je me suis sentie remplie d’espoir et de détermination. Les résultats que nous avons obtenus – un nouveau conseil d’administration, la sélection de Negros occidental pour le OWC de 2027 et l’engagement en faveur d’un modèle de gouvernance révisé – sont plus que de simples jalons. Ce sont des étapes vers un avenir plus durable et plus équitable pour notre mouvement. 

Pour moi, présider l’Assemblée générale ne consistait pas seulement à faciliter les discussions ou à orienter les décisions. Il s’agissait de témoigner du pouvoir collectif de notre communauté mondiale. Cela m’a rappelé que si les défis auxquels nous sommes confronté.es sont immenses, notre engagement commun en faveur des principes de l’agriculture biologique nous donne la force de les surmonter. 

Les participants bio canadiens avec leur carte de vote. De gauche à droite : Andrew Hammermeister (Centre d’agriculture biologique du Canada), Shenali Madhanaroopan (Riverside Natural Foods), Katie Fettes (Canadian Organic Growers).

Je suis profondément reconnaissante à tous ceux et celles qui ont participé à l’assemblée. Votre dévouement et votre passion sont les forces vives d’IFOAM International. Ensemble, nous ne construisons pas seulement un mouvement ; nous cultivons un avenir où l’agriculture biologique n’est pas l’exception, mais la norme. Un avenir où nos systèmes alimentaires sont résilients, nos écosystèmes prospères et nos communautés nourries. 

Je suis convaincue que les graines plantées à Chiayi porteront leurs fruits dans les années à venir. Le voyage continue, et je suis honorée de parcourir ce chemin avec vous tous. Je souhaite que le prochain chapitre de l’agriculture biologique soit audacieux, inclusif et transformateur.

 

À propos Tia Loftsgard

Tia est directrice générale de l’Association pour le commerce biologique du Canada depuis 2016. Forte d’une vaste expérience dans l’industrie alimentaire biologique, Tia a cofondé le chocolat Camino (coopérative La Siembra), première entreprise de cacao et de sucre certifiée équitable et biologique, puis a occupé des postes de direction au sein de Fairtrade International au Canada et aux États-Unis.  Elle siège au comité technique de l’examen des normes canadiennes sur la culture biologique, au comité d’interprétation des normes en matière d’aquaculture biologique, préside le comité technique des équivalences biologiques et est l’ambassadrice d’IFOAM International pour l’Amérique du Nord.