Auteures : Rochelle Thompson, Dre Briana Hagen, Dre Andria Jones-Bitton
www.ajbresearch.com @ajb_research
Le mois de mai est le mois de la sensibilization à la santé mentale au Canada. Le Covid a souligné l’importance d’une bonne santé mentale et son impact sur notre bien-être physique. Dans le numéro de BuzzBuilder de ce mois-ci, découvrez ce que les chercheurs ont découvert sur les facteurs de stress des agriculteurs et leurs stratégies d’adaptation.
Grâce à des entretiens approfondis avec 75 agriculteurs et professionnels de l’industrie, nous avons étudié les facteurs de stress auxquels les agriculteurs de l’Ontario sont confrontés et les moyens qu’ils utilisent pour y faire face. Voici quelques-unes de nos conclusions :
Voir la forêt pour les arbres
L’un des facteurs de stress les plus fréquemment évoqués par les agriculteurs est la nature globale de l’activité agricole. Étant donné que les agriculteurs parlent principalement à d’autres personnes impliquées dans leur exploitation et qu’ils passent la majeure partie de leur temps à la ferme, ils ont dit avoir du mal à voir la vie en dehors de l’exploitation. L’une des stratégies d’adaptation les plus courantes auxquelles les agriculteurs ont souscrit consistait à quitter l’exploitation ou à trouver un moyen de séparer le travail agricole de la vie. Ces stratégies allaient de la prise de vacances à la désignation de la table du dîner comme une zone sans exploitation agricole, où les conversations pouvaient porter sur n’importe quoi, sauf l’exploitation.
L’herbe n’est pas plus verte
Une autre source de stress est la comparaison entre différents types d’agriculteurs. Les agriculteurs comparent leur travail en fonction de leurs pratiques (biologiques, sans antibiotiques, conventionnelles), de la taille de leur exploitation et de leur secteur d’activité (gestion de l’offre, par exemple). Pour chaque comparaison faite par un participant, un autre participant faisait la comparaison inverse, tous deux affirmant que l’autre type d’agriculteur avait la vie plus facile. Une stratégie commune pour faire face au stress de l’agriculture était cependant de parler aux autres. Les agriculteurs ont trouvé que le fait de parler entre eux, qu’ils travaillent ou non dans le même type de produit ou d’exploitation, les aidait à reconnaître qu’ils n’étaient pas les seuls à faire face à ce stress.
Peu de contrôle sur les facteurs physiques, mais un plus grand contrôle sur l’état d’esprit
De nombreux agriculteurs ont évoqué tous les facteurs agricoles qui ne peuvent être contrôlés : la météo, les marchés, les réglementations gouvernementales et les nouvelles législations, les pannes de machines, etc. Comme il n’y a pratiquement rien à faire pour prévenir l’impact de ces facteurs, l’inquiétude et la rumination s’installent souvent. Cependant, les participants ont également décrit les mentalités qu’ils ont adoptées et qui les ont aidés à faire face à ce stress, comme l’acceptation, le fait de voir le bon côté des choses et la gratitude.
Bien entendu, les moyens d’adaptation décrits par les agriculteurs ne sont pas tous positifs ou sains. La consommation d’alcool, le tabagisme et l’isolement ont également été évoqués. Dans l’enquête 2021 sur la santé mentale des agriculteurs au Canada, moins d’agriculteurs utilisent des stratégies d’adaptation positives et plus d’agriculteurs utilisent des stratégies d’adaptation négatives par rapport à la population canadienne.
Les résultats de cette recherche seront utiles pour informer les agriculteurs sur les moyens de réduire le stress. D’autres résultats et ressources de ce travail sont disponibles sur www.ajbresearch.com, ou sur Instagram ou Twitter à @ajb_research. Cette recherche a également débouché sur une étude que nous menons actuellement sur les façons dont les agriculteurs de l’Ontario font face aux crises, comme les pertes de récoltes et de bétail dues à des conditions météorologiques extrêmes, à des maladies et à des parasites. Si vous ou une de vos connaissances souhaitez participer à cette étude ou en savoir plus, veuillez contacter rthomp10@uoguelph.ca.
À propos de l’auteur :
Rochelle Thompson est étudiante en doctorat et co-exploitante de l’élevage de poulets de sa famille. Elle est titulaire d’un diplôme de premier cycle en psychologie et d’une maîtrise en épidémiologie au département de médecine des populations de l’Université de Guelph. Son travail de maîtrise a porté sur la santé mentale des agriculteurs pendant la pandémie de COVID19 au Canada, et son projet de doctorat étudie les impacts des conditions météorologiques extrêmes, des parasites et des maladies sur la santé mentale des agriculteurs, ainsi que la manière dont les agriculteurs peuvent se préparer aux pertes dues aux facteurs climatiques.
Nouveaux produits biologiques, informations et plaidoyer sur le bio et inscription anticipée aux événements !