
Les personnes qui cultivent ou soutiennent l’alimentation biologique se soucient de la conservation des sols, de la biodiversité, de l’équilibre écologique et de la durabilité environnementale – en d’autres termes, de la nature. Il n’est donc pas surprenant que beaucoup d’entre elles soutiennent les droits de la nature, un développement mondial spectaculaire que le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, qualifie de mouvement juridique le plus dynamique du XXIe siècle.
Les droits de la nature ne sont bien sûr pas une nouveauté. Ils font partie intégrante des cultures et des savoirs autochtones et traditionnels à travers le monde. Mais une version moderne a été créée en 2010 avec la Déclaration universelle des droits de la Terre Mère, qui reconnaît que la Terre est une communauté vivante indivisible d’êtres interdépendants et interreliés dotés de droits inhérents, et qui appelle à l’adoption de lois réglementant les activités humaines de manière à permettre aux autres espèces de remplir leur rôle évolutif sur la planète.
La plupart des systèmes juridiques actuels considèrent la nature comme une propriété et la plupart des lois visant à protéger l’environnement se contentent de réglementer l’ampleur des dommages pouvant être causés par l’activité humaine. Les droits de la nature promeuvent un système juridique et de gouvernance qui contribue non seulement aux humains, mais aussi à la communauté écologique au sens large. Les écosystèmes, la faune sauvage et la Terre elle-même sont considérés comme des êtres vivants dotés de droits inhérents méritant une protection juridique. Les droits de la nature sont accordés par le biais de la « personnalité juridique », avec des tuteur•trices humain•es représentant la nature devant les tribunaux et dans la création des lois.

The Magpie River
L’Alliance mondiale pour les droits de la nature rassemble des organisations environnementales, autochtones, de défense des droits humains et de conservation, ainsi que des scientifiques, des économistes, des écrivain•es et des chef•fes spirituel•les qui cherchent à transformer notre relation humaine avec notre planète. Ses membres estiment que la nature, sous toutes ses formes de vie, a le droit d’exister, de persister, de se maintenir et de se régénérer. Le réseau recueille et rend compte de centaines d’exemples à travers le monde où les droits de la nature sont reconnus. Certains pays, comme la Bolivie et l’Équateur, ont inscrit les droits de la nature dans leur constitution. De nombreux autres sont des décisions judiciaires rendues par des tribunaux locaux ou nationaux. D’autres encore sont des initiatives communautaires, lancées par des groupes locaux – souvent autochtones – et adoptées par les gouvernements locaux.
Il existe aujourd’hui près de 500 projets relatifs aux droits de la nature dans 44 pays, et de nombreuses nouvelles initiatives sont en cours. L’un des plus grands projets concerne les droits des rivières. Parmi les rivières désormais protégées figurent la Whanganui en Nouvelle-Zélande, le Maranon au Pérou, le Biobio au Chili, l’Ouse en Angleterre, la Clyde en Écosse et la Mar Menor en Espagne.
La rivière Magpie, dans le nord du Québec, est la première rivière au Canada à se voir accorder des droits légaux. La population locale innue a formé une alliance avec des conseiller•ères municipaux•ales et des groupes environnementaux afin de protéger la rivière contre les projets hydroélectriques. En février 2021, neuf droits ont été accordés à la rivière, notamment le droit de couler, le droit de préserver sa biodiversité naturelle et le droit d’être à l’abri de la pollution. Elle a même le droit d’intenter des poursuites judiciaires ! On ne sait bien sûr pas si cette déclaration serait valable devant un tribunal. Mais étant donné que la plupart de ces projets à travers le monde sont menés par des communautés autochtones, leurs droits croissants, tels qu’énoncés dans la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, qui promet un « consentement libre, préalable et éclairé », vont être mis à l’épreuve.
D’autres initiatives canadiennes en faveur des droits de la nature sont en cours, notamment pour le lac Winnipeg, les rivières Gatineau, Athabasca et Yukon, et le puissant Saint-Laurent. En octobre 2024, l’Assemblée des Premières Nations de la Colombie-Britannique a adopté une résolution appelant la province et d’autres entités à travailler avec les Premières Nations pour faire progresser la personnalité juridique de la nature. D’autres initiatives dans le monde entier visent à protéger les océans et même l’Antarctique !
Les droits de la nature sont une idée ancienne dont l’heure est sans aucun doute revenue.
À propos l’autrice

Maude Barlow est une militante et autrice basée à Ottawa.
Maude milite depuis longtemps pour la justice, notamment en mettant l’accent sur le droit humain à l’eau. Elle est actuellement membre du comité consultatif de l’Alliance mondiale pour les droits de la nature (GARN) : https://www.garn.org/executive-committee/#advisory-board-members
Le prochain livre de Maude s’intitule Earth For Sale, The Fight to Stop the Last Plunder of the Planet (La Terre à vendre : la lutte pour mettre fin au pillage final de la planète).
Nouveaux produits biologiques, informations et plaidoyer sur le bio et inscription anticipée aux événements !